L’Association Slovène de la Psychanalyse Lacanienne a reçu une lettre de Branimir Stojanović, suite à la publication de son appel à l’opinion publique du 27 septembre 2016, cet appel exigeant que les informations relatives à la psychanalyse lacanienne en Slovénie, soient relayées correctement.

Branimir Stojanović est un psychanalyste serbe, il est membre de l’association psychanalytique de Belgrade.

Nous publions cette lettre dans son intégralité.

 

 

Branimir Stojanović

 

Après l’appel à l’opinion publique du 27 septembre 2016, de l’Association Slovène de la Psychanalyse Lacanienne, les 35 années de l’histoire lacanienne en Slovénie ont trouvé, en référence au temps logique lacanien en tant que logique d’une séance psychanalytique, ce qui leur manquait jusqu’ici : une conclusion. Cet appel a une structure simple et peut être exprimé simplement :

« Nous informons l’opinion publique qu’il existe en Slovénie une association psychanalytique qui forme des psychanalystes d’orientation lacanienne et que par conséquent existent des psychanalystes en Slovénie. »

Mais pourquoi ce message disant qu’en Slovénie, « pays psychanalytique », il existe des psychanalystes, dėclenche-t-il un vent de panique? Et comment est-il possible que dans ce « pays psychanalytique » il n’existait, jusqu’à aujourd’hui, aucun psychanalyste d’orientation lacanienne? La réponse à cette question énigmatique est simple : l’existence du PHILOSOPHE LACANIEN.

Le philosophe lacanien est une figure qui, non seulement bloque depuis plus de trente ans l’existence des psychanalystes lacaniens mais qui a également des effets délétères sur la vie intellectuelle en Slovénie, en l’annihilant.

La question, à propos de tout cela, s’est posée précisément dans la logique d’une séance psychanalytique : dans un premier temps logique, au moment de « l’instant de voir », quand, il y a trente cinq ans, quelqu’un a posé cette question: « Pourquoi la psychanalyse n’existe-t-elle pas dans un pays socialiste et par conséquent en Slovénie? »

Après les dix années nécessitées par le processus initial d’accumulation des conditions et des moyens permettant de répondre à cette question, mais aussi du fait de la tonalité euphorique produite par ce moment du temps logique (déjà évoqué), on a tendance à oublier aujourd’hui, la violence des processus initiaux.

Pour cette raison, il serait intéressant que les futurs chercheurs dans le domaine du socialisme yougoslave se posent la question suivante: comment « L’Association pour la Psychanalyse Théorique », en tant que l’une des premières organisations non gouvernementales en Yougoslavie, a-t-elle réussi à s’approprier les ressources et les infrastructures sociétales exceptionnelles telles que les journaux, les maisons d’édition, les instituts et les départements des sciences humaines des universités?

Ce qui démontrerait que, derrière la figure du philosophe lacanien, est à l’oeuvre une volonté puissante visant l’appropriation des biens publics, ce qui se manifeste aujourd’hui par la logique de l’appropriation de la collaboration entre les secteurs public et privé ainsi que par l’interdit des débats autour de cette période de l’histoire.

Ce qui caractérise d’une manière indélébile le philosophe lacanien est ce moment sadique-oral d’absorption et d’incorporation des biens publics. L’injonction interdictrice des temps socialistes, qui dit que la psychanalyse est autorisée mais les psychanalystes sont interdits, est bien constitutive de la figure du philosophe lacanien.

Après « l’instant de voir », d’une durée de dix ans, est venu un autre moment du temps logique lacanien. C’est un temps de réflexion, « un moment pour comprendre » qui dure en Slovénie depuis plus de 20 ans.

Il est important de souligner que ce « moment pour comprendre » fonctionne rétroactivement, en quoi il forme une structure immobile. L’immobilité est la cause subjective de son existence. C’est une immobilité contemplative du sujet face au monde : je ne bouge pas, le monde ne bouge pas. C’est justement cela le lieu d’origine, le lieu d’origine masqué du PHILOSOPHE LACANIEN, qui est né d’un temps mort et qui conserve pour cela dans son fonctionnement le temps mort. Au cours de ce temps mort il tente de saturer avec indécision et bêtise un écart irréparable qui se cache dans son nom: OU lacanien OU philosophe.

L’annonce publique de l’Association Slovène de la Psychanalyse Lacanienne (datant du 27 septembre 2016) est le troisième moment du temps logique lacanien de l’histoire lacanienne de la Slovénie.

C’est  le  « moment de conclure » au cours duquel le sujet reconnaît enfin son désir (qui était présent mais refoulé) dans la question, «pourquoi la psychanalyse n’existe-t-elle pas en Slovénie? », du fait du syntagme du philosophe lacanien. Ce désir trouve aujourd’hui sa conclusion avec cette articulation: L’Association Slovène de la Psychanalyse Lacanienne !